Des percussions en Afrique, on connait surtout le Djembé sénégalais. Pourtant, il en existe une multitude sur le continent avec des sonorités et des rythmes aussi surprenants les uns que les autres. Dans ce nouveau billet sur mon Togo natal, j’aimerais vous faire découvrir les tambours Ewe.
Atsimevu
Dans une batterie traditionnelle Ewe, l’Atsimevu est le tambour principal. Très imposant, il peut mesurer jusqu’à 1,5 mètres de long et tient généralement le rôle de chef d’orchestre. Ainsi, il indique les débuts, fins et et changement de rythme. Pour y jouer, on le dispose à l’oblique, soutenu par une support en bois appelé vudetsi. Ceci permet de dégager l’orifice au pied de l’instrument par lequel le son est libéré. Suivant le son que le musicien souhaite produire, l’instrument est joué à main nue avec la paume ou avec une ou deux baguettes.
Dans le groupe des percussions Ewe, l’Atsimevu est considéré comme le grand-père bienveillant qui veille à ce que tous les autres membres de la famille soient entendus. Quand il fait partie de la formation de la batterie, il devient le tambour major et montre la voie à suivre à tout le groupe. L’Atsimevu est le seul instrument de la formation qui se joue debout.
Sogo
Egalement appelé Kplikpan il est le deuxième plus grand tambour en taille de la formation. Tout comme l’Atsimevu, il a un son grave et joue également un rôle de leader.
Quand l’Atsimevu ne fait pas partie de l’ensemble, c’est le Sogo qui mène le groupe et indique les changements de rythmes. Il est à ce titre considéré comme le grand frère (ou le père : culturellement, les deux fonctions sont très rapprochées chez les Ewes. Dans une famille, le père ou le grand-frère peuven être par exemple indifféremment adressés par le titre, Fo).
En revanche, quand l’Atsimevu est bien présent dans la formation, le Sogo joue un rythme qui lui est propre ou vient en soutien au Kpessi sur le rythme d’accompagnement. Ponctuellement, le Sogo répond à l’Atsimevu en reprenant les mêmes enchaînements que lui. Le dialogue ainsi établi entre les deux instruments produit un effet magique très agréable à écouter et qui pousse l’ensemble du public à danser.
Le Sogo se joue généralement avec la paume des mains et est aussi un instrument d’improvisation dont les envolées permettent d’enrichir et d’agrémenter les pièces jouées.
Kpessi
Le Kpessi ou Atsihui est le premier instrument d’accompagnement de la formation. Un peu plus petit que le Sogo, il est généralement considéré comme la mère qui maintient l’équilibre du groupe.
Il joue généralement le rythme de base autour duquel les variations des autres instruments sont construites. Pour autant, il arrive de voir le Kpessi improviser ou même répondre au Sogo quand ce dernier tient le rôle du tambour major.
Kadam
Le Kadam, (on trouve aussi l’ortographe Kagan) est vous l’aurez compris, le petit dernier de la famille. Il est le plus petit tambour de l’ensemble et a le son le plus aigu. Il se joue généralement avec deux baguettes comme le Kpessi et produit aussi le rythme de base.
Le Kadam est le seul instrument de la formation qui joue invariablement le même rythme. Il est ainsi le garant de la structure de la pièce jouée.
Vous savez tout à présent des principales percussions des Ewes. En attendant de voyager au Togo ou au Ghana pour les découvrir par vous même, voici quelques courts extraits d’une représentation à Lomé que j’ai pu filmer lors de mon dernier voyage :
L’Atsimevu seul derrière les autres instruments. Un détail à noter dans le jeu du percussionniste, la baguette ne tape pas que sur la peau du tambour mais également sur la structure en bois.
Kpessi, Sogo et Kadam (A noter, le rythme linéaire du Kadam).
Très instructif. Je te connaissais pas ce penchant pour la percussion. Ça date de quand ça?
Merci! J’ai toujours été attiré par les percussions 🙂
Cool! J’ai aperçu ces percus à Lomé lors d’un petit séjour il y a quelques années! C’était vraiment chouette et j’avais adoré la danse des épaules que les gens dansaient sur la musique 🙂
Marc, bienvenue sur le blog! La danse des épaules est une danse typique Ewe. Tu as très certainement assisté à une représentation d’Agbadza. J’espère que l’article t’a donné envie d’y retourner :-p
De tout mon enfance j’ai tellement désiré jouer de ces de tam-tam.Je suis d’une telle manière que si j’écoute ou je vois ceux qui jouent cela rentre directement dans mes gènes.A l’age de 15 ans j’ai commencé par jouer ce tambour. Maintenant je peux rester parmis les grands pour jouer Agbadza mais juste l’âge me fais défaut.
J’ai 22 ans cette année et je joue Agbadza. J’aime bien jour et les gens dansent la danse sur mon rythme(danse des épaules)
Bonjour ! J’ai vraiment apprécié votre article sur les percussions des Ewes du Togo. Les détails et les images que vous avez partagés ont vraiment capté mon attention et m’ont transporté dans ce monde musical fascinant. Je suis curieux de savoir si vous avez déjà assisté à une performance en direct de ces percussionnistes incroyables. Merci pour ce partage inspirant !
Bonjour Charlotte,
merci pour votre commentaire ! Oui j’ai eu la chance d’assister à des performances live. Les courtes videos que vous avez pu voir en fin de l’article sont des représentations auxquelles j’ai pu assister en direct 😉